Aujourd'hui, dans ce nouvel article je vous explique les différentes étapes qui se cachent derrière ma dernière linogravure: un coucher de soleil aperçu à Marseille lors d'un voyage de quelques jours pour découvrir la ville. Je suis saisie par la beauté de la scène et je décide immédiatement d'en faire une linogravure. Et c'est là que commence le casse-tête pour passer de la réalité à la lino... En voici les 5 étapes clés.
1. Du dessin à la gravure
Pour commencer, pour ceux qui ne connaissent pas la linogravure je vous explique un peu tout ça. La linogravure, comme son nom l'indique, consiste à graver une plaque de linoléum puis à l'encrer à l'aide d'un rouleau avant de l'appliquer contre une feuille de papier. Comme un tampon, la plaque s'imprime alors (à l'envers) sur le papier.

Le fameux coucher de soleil
Revenons en à ce coucher de soleil. Après avoir décidé de le transformer en linogravure, je réfléchis à la technique la plus adaptée pour représenter ce ciel flamboyant et la skyline en premier plan.
Une solution me vient: utiliser deux plaques de linoléum différentes, une pour le ciel et une pour les bâtiments en premier plan que je creuserai au fur et à mesure pour superposer différentes couches d'encre.
Les deux plaques de linoléum gravées
Je réalise un croquis de la scène que je transfère sur les deux plaques de linoléum. Il est important que les deux plaques se superposent parfaitement pour que le ciel ne déborde pas sur les bâtiments et inversement. Une fois les deux plaques gravées à l'aide des gouges, il est temps de passer à l'encrage!
2. Comment réussir le dégradé du ciel?
Une fois les plaques gravées, elles sont prêtes à être encrées. Je commence par le ciel et ce coucher de soleil que j'ai trouvé si beau. Il faut réaliser un dégradé allant du bleu foncé au rouge flamboyant en passant par un ocre léger.
Le dégradé du ciel encré sur la plaque de lino
Ces 3 couleurs se fondent et fusionnent petit à petit au passage du rouleau. Le dégradé est assez périlleux car si le rouleau dérape le rouge part dans le bleu ou inversement et il faut alors recommencer le dégradé.

Le dégradé du ciel encré sur la plaque de lino
Le dégradé est prêt, on peut commencer à imprimer. Pour cette linogravure, j'ai la chance de pouvoir imprimer sur les grandes presses de la Maison de la Gravure ce qui facilite beaucoup le processus. Quand je suis dans mon atelier je dois imprimer à l'aide d'une cuillère en bois pour presser le papier contre la lino et c'est la tendinite assurée au bout de quelques tirages...!
3. La technique de la "plaque perdue"
La plaque perdue? Kézako vous allez peut-être me dire? Laissez moi vous éclairez si vous ne connaissez pas déjà. La "plaque perdue" ou reduction linocut en anglais, est une technique qui consiste à graver une plaque de lino de plus en plus en imprimant à chaque fois une couche d'une certaine couleur.
Avec cet exemple ça va tout de suite être plus parlant: j'ai commencé par une couche d'ocre clair pour représenter les lumières des bâtiments éclairés. J'ai ensuite creusé un peu plus la plaque pour appliquer une couche d'ocre foncé qui délimite les ombres des bâtiments. Ces zones nouvellement creusées laissent ainsi apparaître la couche ocre clair du dessous et on commence à deviner des formes. Vous me suivez?

Le résultat de la plaque perdue avec les couches de ocre clair et ocre foncé
Ce processus demande beaucoup de précision pour que les couches se superposent parfaitement. Il faut également faire attention à appliquer la bonne quantité d'encre et à ne pas tâcher la feuille... et je peux vous dire que j'ai perdu quelques tirages en chemin!
Vous pouvez retrouver une vidéo de ces différentes étapes sur mon compte instagram .
4. La (t/c)ouche finale
Après le dégradé du ciel et les 2 couches d'ocre de la plaque perdue, il est temps d'imprimer la dernière couche, un léger dégradé du bleu foncé au noir.
Il faut noter aussi qu'il y a un temps de séchage obligatoire entre chaque couche. Pour les première étapes il fallait compter une semaine environ mais au fur et à mesure le papier se retrouve saturé d'encre et le temps de séchage s'allonge. Entre les 4 couches et le temps séchage, il m'a fallu 2 mois pour terminer cette linogravure!
La couche noire qui vient terminer cette linogravure
Ce dernier layer foncé vient vraiment terminer la composition et rejoint le dégradé du ciel. j'avais au début prévu une couche noire toute simple mais j'ai finalement préféré un dégradé du bleu au noir pour adoucir l'image et la rencontre avec le dégradé du ciel.
5. Numéroter, signer et c'est prêt!
Deux semaines plus tard, les tirages sont enfin secs et prêts à être signés. Il ne reste finalement que 9 survivants (la linogravure c'est Koh Lanta parfois...). Chaque exemplaire est unique et chaque coucher de soleil est légèrement différent.

Edition très très limitée à 9 exemplaires
Le papier est finalement redécoupé pour que la marge autour de l'image soit uniforme et pour rester dans un format paysage. Une fois le découpage fait, je passe à la numérotation et à la signature des tirages. 1/9, 2/9, 3/9...

La linogravure signée et numérotée
Les tirages sont enfin prêts après toutes ces étapes et c'est un plaisir de les signer et les numéroter avant de les faire rejoindre la boutique en ligne. J'aurais beaucoup appris avec cette linogravure: les dégradés, la plaque perdue, la superposition des couches mais aussi le travail des couleurs.
J'ai hâte de passer à une nouvelle linogravure et cette fois-ci j'aimerais passer à de grands formats.

Réalité VS linogravure
Pour retrouvez la linogravure du coucher de soleil, direction la boutique . Attention édition limitée à 9 exemplaires seulement!
Et si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les laisser en commentaires.
À bientôt pour un nouvel article!
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